Zoom sur les cépages les plus fréquemment assemblés
Merlot : la rondeur et la souplesse
Originaire du Libournais, le Merlot s’est imposé comme le cépage majoritaire à Bordeaux. Sa précocité en fait un atout dans les années fraîches ou humides, permettant de garantir des récoltes régulières et de limiter les risques liés au mildiou (source : Vitisphere). Il offre :
- Des arômes de fruits noirs mûrs (prune, cerise, mûre)
- Une texture souple, des tanins caressants
- Un profil accessible dès la jeunesse, mais aussi de la profondeur pour la garde
Il domine nettement sur la rive droite de Bordeaux (Saint-Émilion, Pomerol), avec des assemblages atteignant souvent 70 à 100 % de Merlot pour certains crus, comme le Château Pétrus.
Cabernet Sauvignon : la structure et la longévité
Reconnaissable à sa couleur profonde et à ses tanins fermes, le Cabernet Sauvignon est roi sur les graves de la rive gauche (Médoc, Pauillac, Margaux). Ce cépage tardif aime les sols chauds et drainants. Il apporte :
- Des notes de cassis, poivron vert, cèdre, réglisse
- Puissance tannique, structure et aptitude au vieillissement
- Robustesse dans les années chaudes
Dans certains grands crus classés médocains (Château Latour, Château Lafite Rothschild), il peut dépasser 75 % de l’assemblage.
Cabernet Franc : la finesse aromatique
Plus discret, le Cabernet Franc joue le rôle d’“épice” subtile : il est surtout présent sur la rive droite et l’Entre-deux-Mers. Il tolère mieux les sols frais et argilo-calcaires. Il transmet :
- De la fraîcheur, des notes florales (violette) et épicées
- Des tanins fins
- Un potentiel de garde intéressant quand il est bien mûr
Des propriétés comme le Château Cheval Blanc (Saint-Émilion) construisent leur identité sur un assemblage quasiment équilibré entre Merlot et Cabernet Franc.
L'apport des cépages accessoires
- Petit Verdot : Amène une structure supplémentaire, des arômes de violette, poivre, et une couleur intense. Utilisé en petites proportions (5 % maximum en général), il se révèle capital dans certains millésimes solaires ou pour relever les assemblages du Médoc.
- Malbec : Historiquement important (il dominait au XIX siècle), le Malbec a décliné après le gel de 1956. Il subsiste à petites doses, surtout pour la couleur et des notes épicées. Il est rare aujourd’hui de croiser un vin de Bordeaux avec plus de 3 % de Malbec dans l’assemblage.
- Carménère : Très marginal (moins de 0,1 % des surfaces), le Carménère apporte une touche aromatique singulière (poivron, épices). Ce cépage renaît timidement, porté par quelques vignerons passionnés.